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APBC - America’s Poorest Big City

Reportage photo (Ricoh Gr III et Samsung A55), fait le 20 novembre 2024 à Philadelphie

20 novembre 11h30 - Arrivée à Philadelphie “Philly”. Nous sommes  à 15 jours de la réélection de Donald Trump. La Pennsylvanie, traditionnellement un “swing state”, l’a voté à 50,2%.

Le bus arrivant de NYC, s’arrête à la sortie d’un tunnel dans le quartier de Northen Liberties. Mais cela ne gâche en rien la belle vue sur la downtown Skyline  avec quelques gratte-ciels clinquants, vendant déjà une ville aux allures prospères. Cette entrée légèrement périphérique, se suit d’une promenade dans une zone industrielle délaissée et patrouillée activement par la police locale. Philly a un passé de ville industrielle, mais qui semble aujourd’hui clairement en déclin.

J’ai l’impression d’être vraiment entrée en ville une fois dans la China Town. Le quartier est très vivant, mais visiblement en souffrance à cause du projet de construction de L’Arena sportive, qui menace de provoquer sa disparition, celle des commerces et le cœur de vie de la communauté chinoise de Philadelphie, ancienne et soudée.

Au centre, l’hôtel de ville organise un marché de Noël. Autour, plusieurs immeubles historiques d’influence art déco, un temple maçonnique prestigieux, des grands magasins (Macy’s) avec une ambiance plutôt sinistre car étrangement vides, froids, avec peu de personnel et quasiment sans clients. Plusieurs immeubles commerciaux de 2-3 étages datant de la fin du XIXe sont admirablement conservés, mais je constate dans un deuxième regard que même si les boutiques au rez de chaussée sont bien ouvertes, les étages sont souvent abandonnés. Un air de gentrification souffle dans la ville à la vue  de petits immeubles démolis, laissant la place aux tours futures.

Mais c’est à la tombée de la nuit qu’un autre visage de la ville se dévoile. Sur des axes importants comme la Ludlow et Market St., beaucoup de sans abris de tous âges s’installent dans des stations de bus ou aux coins des immeubles. Pour la plupart ce sont des citoyens issus de la communauté afro américaine, puis on y retrouve des consommateurs de drogues et même des retraités, témoins tous de la cruauté du système économique américain et des injustices sociales arrivées à leur sommet. J’apprends par la suite que Philadelphie occupe depuis de nombreuses années la première place des grandes villes les plus pauvres aux États-Unis. Que malgré une rehausse du niveau de vie en 2019, le covid a balayé le petit progrès et replongé la ville dans un taux de pauvreté extrême, allant jusqu’à 22,7%. De propositions de loi pour augmenter le SMIC de 7,25 dollars à 16
dollars/heure n’ont pas encore abouti. Il suffit d’une petite promenade pour constater qu’un bon nombre de commerces (incluant des grandes marques) sont fermés ce qui donne un triste air de fin du monde et nous rappelle les images quasi apocalyptiques de la crise des subprimes en 2008. 

Retour à NYC vers 19h en bus, départ depuis le même arrêt du dessous du tunnel de Spring Garden. Je quitte Philly avec un léger soulagement mais aussi avec un sentiment d’angoisse sur
les années à venir aux USA et dans le monde entier, sous la politique arriérée de Donald Trump. And that is just how…une ville idéalement
située, entre l’océan Atlantique, sur les rives du grand Delaware et à
deux pas de NYC, a du mal à croire et faire perdurer son rêve américain de prospérité.

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